Évolution du marché mexicain des carburants au cours de la première année de la présidence d'AMLO

Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador (AMLO) a achevé la première année de son mandat présidentiel de six ans à la fin du mois de novembre 2019. Son investiture en décembre 2018 a été précédée d'un optimisme généralisé quant à l'exécution par le candidat de gauche radicale des promesses de campagne axées sur l'amélioration de l'économie et de la population du Mexique. AMLO espérait s'attaquer à la corruption et à la pauvreté, éradiquer les barrières entourant la justice sociale et l'égalité, et revitaliser l'économie en soutenant les organisations affiliées au gouvernement comme la compagnie pétrolière d'État, Pemex.

Maintenant, après un peu plus d'un an, AMLO a jeté les bases pour le reste de son leadership.  ; Et tandis que le consensus est que les consommateurs approuvent généralement les progrès et la direction d'AMLO, un avenir moins certain tourne autour du marché de l'énergie et de sa contribution à l'économie mexicaine. Cela dit, Le marché mexicain des carburants a connu un changement sans précédent au cours de la première année d'AMLO, 2019 marquant la première fois que les objectifs initiaux de déréglementation du marché des carburants ont finalement commencé à devenir une réalité.

LES PRINCIPAUX THÈMES DU MARCHÉ DES CARBURANTS MEXICAINS

La lutte contre le vol de pétrole reste primordiale

Le vol de pétrole continue d'être un problème au Mexique. La hausse des prix des carburants augmente l'attrait de la consommation, de l'approvisionnement et de la vente illégale de pétrole. Ce problème a été examiné à la loupe à la fin de l'année 2018 et au début de l'année 2019, lorsqu'une augmentation drastique des prises illégales dans les oléoducs a déclenché des pénuries de carburant généralisées dans tout le pays. L'approvisionnement importé des États-Unis et les produits nationaux des six raffineries mexicaines sont devenus de plus en plus vulnérables au vol, plaçant la sécurité énergétique nationale, la volatilité des prix des carburants et les stratégies d'atténuation sur un piédestal.

En conséquence, AMLO a lancé une campagne de lutte contre le vol de carburant qui a mis en place une force de sécurité nationale, fermé les principaux oléoducs et augmenté la dépendance à l'égard des camions-citernes pour honorer les commandes des stations. Cette stratégie a suscité des réactions négatives en raison des perturbations de la chaîne d'approvisionnement qu'elle entraînait. Toutefois, depuis lors, la campagne a permis de ramener le vol de pétrole à un niveau plus gérable, ce qui a permis aux prix des carburants de reprendre plus de la moitié des gains enregistrés au premier trimestre. Cela a également permis aux prix des carburants de retrouver leur lien avec les tendances plus générales du marché de l'énergie. Le problème fondamental du vol de carburant reste toutefois dans la ligne de mire du gouvernement.

Les carburants plus propres sont devenus une priorité

Les réglementations du marché des carburants telles que le plafond de l'Organisation maritime internationale pour le soufre en 2020 et les initiatives mondiales comme l'Accord de Paris sur le climat ont accentué la nécessité pour l'industrie de s'orienter vers une consommation de carburant plus propre. Fin 2018, le gouvernement mexicain a annoncé qu'il interdirait l'utilisation du diesel à haute teneur en soufre pour s'aligner plus étroitement sur les efforts climatiques de certaines des économies les plus progressistes.  ; Mais des contraintes opérationnelles et logistiques - comme des réseaux de pipelines insuffisants et des raffineries à faible complexité - ont entravé la capacité du Mexique à remplacer complètement le diesel à haute teneur en soufre par celui répondant à des spécifications à ultra-faible teneur en soufre. Pemex a commencé à rénover ses raffineries pour résoudre ces problèmes, mais les complications financières et les retards réglementaires n'ont pas facilité les choses.

Pemex a entamé une bataille juridique avec le gouvernement pour suspendre indéfiniment le mandat, arguant que le seul moyen pour le Mexique de satisfaire la demande est d'augmenter les importations de carburants conformes. L'augmentation des importations va à l'encontre de l'objectif d'AMLO de devenir plus indépendant sur le plan énergétique, de sorte que l'équilibre entre cet objectif et le fait que le Mexique vise à adapter de manière agressive ses exigences en matière de carburant restera certainement un sujet législatif pertinent dans les années à venir.

L'investissement en aval et la diversité des marques de détail se sont matérialisés

La libéralisation du marché des carburants à la fin de 2017 a ouvert la porte aux marques non-Pemex et à l'investissement privé pour infiltrer le Mexique. L'objectif était de céder la domination de Pemex et de permettre aux entreprises privées d'être compétitives à tous les stades de la chaîne d'approvisionnement énergétique, indépendamment de la propriété héritée de Pemex de la plupart des actifs énergétiques du pays.

En créant un environnement de marché libre, les investissements dans l'infrastructure des carburants et les projets connexes ont décollé, ce qui s'est traduit par la création de stations-service ne portant pas la marque Pemex dans tout le pays. L'augmentation de la capacité de stockage des carburants reste une priorité pour AMLO afin d'atténuer les problèmes d'approvisionnement en cas d'aggravation des vols de carburant ou d'arrêts des raffineries. De même, la réduction de la part de marché de Pemex sur le marché de détail a été importante pour garantir que la volatilité des prix des carburants ne soit pas dictée par une seule partie prenante. Depuis l'entrée en fonction d'AMLO, les stations-service mexicaines se sont diversifiées au point que plus de 30 % des détaillants ne font plus partie de Pemex et qu'un nombre important de stations-service privées est prévu pour les prochaines années.

TENDANCES DES PRIX DU MARCHÉ DES CARBURANTS DU MEXIQUE

Comportement national des prix

Un thème commun au marché des carburants mexicain avant la libéralisation et la présidence d'AMLO était que les prix n'évoluaient historiquement que dans le sens de la hausse. Cela était principalement dû à la domination durable de Pemex dans les domaines en amont et en aval du secteur de l'énergie, créant une volatilité atténuée et unidimensionnelle des prix des carburants. Mais comme les marques privées ont poursuivi leur expansion en pensant que le Mexique resterait un marché à forte croissance, les objectifs de la réforme énergétique de 2014 se sont rapidement concrétisés.

L'augmentation de la concurrence pour Pemex a contribué à déclencher une transformation des prix du diesel mexicain au moment même où AMLO a pris ses fonctions. En décembre 2018, les prix moyens mensuels du diesel ont diminué pour la première fois depuis la libéralisation du marché à la fin de 2017, et un résultat similaire se produira sept mois de plus en 2019.

Cette évolution peut être attribuée en partie au fait que le Mexique est devenu un marché plus libre au fur et à mesure que l'année avançait, en raison de l'intervention moins fréquente du gouvernement. Cela a permis au comportement des prix des carburants de dépendre davantage des fondamentaux du marché de l'énergie, bien qu'une structure fiscale unique donne encore au gouvernement le pouvoir de stabiliser les prix pendant les périodes de turbulence des prix. L'engagement d'AMLO sur l'inflation des prix des carburants, qui garantit que les prix des carburants n'augmenteront pas au-delà du taux d'inflation ciblé par le pays, joue également un rôle dans la trajectoire des prix des carburants, offrant un plafond artificiel pendant les mois de pression à la hausse sur les prix. Au total, les baisses de prix des carburants depuis l'entrée en fonction d'AMLO témoignent du changement du marché des carburants, qui devrait persister à mesure que la chaîne d'approvisionnement continue d'évoluer.

Comportement régional des prix

La distorsion régionale des prix des carburants au Mexique - au niveau des stations et des États - est une autre preuve de la dynamique variable de la chaîne d'approvisionnement en énergie du pays dans le cadre des idéaux actuels du marché libre. Aux États-Unis, les différences de taxes sont l'un des facteurs les plus déterminants de la variation géographique des prix des carburants. Au Mexique, cependant, un large éventail de coûts de transport crée les plus grandes différences de prix pour les utilisateurs finaux, en plus de quelques fondamentaux du marché de l'offre qui diffèrent selon l'endroit.

La concentration des infrastructures énergétiques en aval - comme les ports, les pipelines, les réservoirs de stockage et les raffineries - le long de la côte est du golfe du Mexique limite les contraintes logistiques liées à l'acheminement des produits pétroliers vers les détaillants. En revanche, les stations de l'intérieur et de l'ouest du pays offrent historiquement des prix de carburant plus élevés en raison de l'absence de proximité de ces infrastructures. Il est donc d'autant plus nécessaire de livrer les carburants aux stations par camion-citerne, ce qui est beaucoup moins efficace et plus coûteux. AMLO lui-même n'a pas directement modifié la dynamique des prix régionaux, mais ses efforts nationaux dans le domaine de l'énergie ont un effet indirect sur la dynamique des prix régionaux.

LES TIRAGES DE LA PREMIÈRE ANNÉE D'AMLO

L'évolution du marché des carburants et les changements de prix depuis l'entrée en fonction d'AMLO sont encourageants pour la croissance du marché mexicain, la volatilité future des prix et l'économie dans son ensemble. Cependant, il reste encore beaucoup de progrès à faire pour que le Mexique devienne un marché véritablement libre, sans comportements monopolistiques liés à Pemex, étant donné que celle-ci reste fortement impliquée dans tous les domaines du secteur de l'énergie du pays. AMLO devra veiller à ce que le marché énergétique mexicain continue de s'adapter aux objectifs fixés par la déréglementation du marché des carburants, tout en équilibrant ses implications pour Pemex, compte tenu de sa contribution de longue date à l'économie mexicaine.

La Commission a également publié un rapport sur la déréglementation du marché des carburants.